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Monographie - Une géante !

(ancienne Question n° 3, revue et corrigée (03/03)

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 Ci-dessous, une scène qui figure au recto d'un éventail de la fin du XVIIIème siècle, sans intérêt apparent...

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Les géants étaient, au XVIIIème siècle, une attraction de foire et divers objets en portent le souvenir. Ainsi, dans "Ventole e ventagli" publié par les Musei e Gallerie de Milano (Museo d'Arti Applicate - Raccolta Bertarelli) trouve-t-on (p 83), datée d'environ 1768, une feuille d'éventail imprimée représentant le célèbre Bernardo Gilli. Il est montré, comme le personnage ci-dessus, avec des individus de taille plus courante, mais, comme sur notre éventail, on se dit que l'artiste a quelque peu exagéré la différence...

Aussi pensons-nous que notre "Géante" a, elle aussi, une signification.

Mais laquelle ?

Bien sûr, nous avons songé aux fameux géants du nord de la France ou de la Belgique, qui font l'animation de bien des fêtes dans ces pays plus chaleureux dans les coeurs que dans le climat. Hélas, nos recherches dans cette direction sont restées vaines : nos questions auprès de quelques municipalités ou offices du tourisme n'ont reçu aucune réponse ! Et pourtant, dans ses Origines Antwerpianoe, 1569, et sa De Gigantomachia, le physicien royal Johannes Goropius Becanus signale qu'un jeune homme de près de neuf pieds de haut et une femme d'environ dix pieds vivaient dans les Flandres près de chez lui.

Viktor Zabolotny, avec un présentateur et un spectateur à Medellin, Colombie . Albeiro Lopera / Reuter

La différence de taille, même exagérée, est du même ordre que celle que l'on trouve aujourd'hui entre les personnes de très grande ou de très petite taille. Pour preuve, les photos jointes, représentant deux des hommes les plus grands du monde, s

Alors, chers amis amateurs d'éventails et/ou internautes, avez vous une idée ?

Robert Wadlow Photo scanned from the newspaper files at Elko. (Northeastern Nevada Museum)

Savez vous qui est cette géante ? Son costume vous rappelle-t-il quelque chose ? Les deux "petits" qui l'approchent vous sont-ils connus ?

Merci de nous donner vos réponses et suggestions !

Et souvenez-vous que si vous nous apportez une réponse satisfaisante, nous souhaitons vous rendre la pareille en accueillant ici une de vos propres questions.

Une explication de M. Georges X

L'un de nos correspondants, Georges X, nous a donné de cet éventail dans le forum une fort intéressante étude, que nous reprenons ici, en attendant qu'il nous en dise peut-être plus, l'espace réduit du "forum" étant trop étroit :

Cette personne est courbée contrairement à une hypothétique géante légendaire qui se doit d'être forte. L'uniforme rouge * correspond à celui de l'infanterie française durant la guerre de 7 ans vers (1756-1763) à l'époque de Frédéric II de Prusse (1712-1740-1786). Frédéric II, doué de la folie des grandeur, avait réussi à réunir à prix d'or de nombreux géants dans sa cour.

La hallebarde faisait 2m10, elle est certainement utilisée ici pour donner une échelle. La femme de taille ordinaire donne une autre échelle. La canne laisse supposer la hauteur de ses jambes (quoique?). Cette géante devait mesurer 10 pieds de haut ! Plus de 3m00 ! Malgrè la naïveté du dessin, l'artiste a certainement voulu représenter au mieux ce qu'il avait dû voir. Pendant 50 ans il a été observé des personnes très grandes à Potsdam. Peut-être est-ce la plus grande ? Je peux me tromper. 10 pieds de haut est une taille déjà donnée dans certains livres de médecine. La légende veut que depuis les habitants de Potsdam soient très grands !

soldats prussiens en 1750/1760

* UNIFORME ROUGE. D’infanterie de la guerre de 7 ans et avant. L'habit à la couleur de fond rouge que l'on retrouve dans de nombreuses armées du nord de l'Europe au 18ème siècle (Angletterre, Dannemark, Villes Hanséatiques, Norvège...). L'artillerie possède les distinctives de l'infanterie qui sont définies par le règlement du 19 janvier 1747:

- les ansepessades ont les parements des manches bordés d'un galon de laine jaune, comme la couleur des boutons.

-les caporaux ont les parements des manches bordés d'un galon de laine jaune et garnis de trois brandebourgs de laine.

- les sergents ont les parements des manches garnis de trois agréments ou d'un large bordé d'or. Les sergents des compagnies de canonniers et de bombardiers comme dans l'infanterie sont a l'origine armés d'une hallebarde de 6 pieds et demi de long (2m10).

L'ordonnance du 31 octobre 1758 concernant les officiers et sergents des compagnies de fusiliers supprime espontons et hallebardes remplacés par le fusil.

Ces explications de notre aimable correspondant nous semblent particulièrement intéressantes, et nous l'en remercions vivement !

Elles nous ont incité à poursuivre quelques recherches... et la présence des géants est bien confirmée par Voltaire, présent à Potsdam en 1740, même si leur présence était due à Frédéric Guillaume, père de Frédéric II :

Le monarque sortait à pied de ce palais, vêtu d’un méchant habit de drap bleu à boutons de cuivre, qui lui venait à la moitié des cuisses; et quand il achetait un habit neuf, il faisait servir ses vieux boutons. C’est dans cet équipage que Sa Majesté, armée d’une grosse canne de sergent, faisait tous les jours la revue de son régiment de géants. Ce régiment était son goût favori et sa plus grande dépense. Le premier rang de sa compagnie était composé d’hommes dont le plus petit avait sept pieds de haut: il les faisait acheter aux bouts de l’Europe et de l’Asie. J’en vis encore quelques-uns après sa mort. Le roi, son fils, qui aimait les beaux hommes, et non les grands hommes, avait mis ceux-ci chez la reine sa femme en qualité d’heiduques. Je me souviens qu’ils accompagnèrent un vieux carrosse de parade qu’on envoya au-devant du marquis de Beauvau, qui vint complimenter le nouveau roi au mois de novembre 1740. Le feu roi Frédéric-Guillaume, qui avait autrefois fait vendre tous les meubles magnifiques de son père, n’avait pu se défaire de cet énorme carrosse dédoré. Les heiduques, qui étaient aux portières pour le soutenir, en cas qu’il tombât, se donnaient la main par-dessus l’impériale.

MÉMOIRES POUR SERVIR A LA VIE DE M. DE VOLTAIRE, ÉCRITS PAR LUI-MÊME. (COMPOSÉS EN 1759, PUBLIÉS SEULEMENT EN 1784.)

Frédéric-Guillaume I

 

  N.B sur notre page en anglais, vous trouverez des informations plus détaillées
Voltaire a également écrit dans son "Voyage à Berlin" :" D 'un regard étonné j'ai vu sur ces remparts - Ces géants court vêtus, automates de Mars - Ces mouvements si prompts, ces démarches si fières - Ces moustaches, ces grands bonnets - Ces habits retroussés, montrant de gros derrières - Que l'ennemi ne vit jamais"

Certes, Voltaire ne nous parle que d'hommes... mais l'on sait par ailleurs que Frédéric-Guillaume, prédécesseur d'un autre régime allemand de triste mémoire, tenta, avec un succès mitigé, et pour diminuer à long terme les coûts de son régiment de géants, de favoriser et même d'imposer les unions entre ses soldats et des femmes de grande taille achetées ou enlevées comme eux dans toute l'Europe. Après que Frédéric II dispersa ces géants, certains visiteurs marquèrent d'ailleurs plus de surprise à trouver à Potsdam des femmes de grande taille que des hommes. En 1802 encore, la présence des "Gardes du corps, ces colosses montés sur des chevaux géants" est attestée. Au début du 20ème siècle, on pouvait encore voir, sur un mur du vieux château, les marques devant lesquelles Frédéric Guillaume faisait aligner ses gardes du corps.

Qu'en pensez-vous, amis des éventails, des uniformes et du XVIIIème siècle ??

(Amis de la guerre, passez votre chemin !)

Merci de nous donner votre avis

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