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        Des taureaux et des hommes

L'auteur de ce site a poursuivi de sérieux travaux universitaires sur les éventails européens anciens (cf. bibliographie). On pourrait penser que du coup, il regarde avec condescendance les éventails ordinaires, et notamment les éventails espagnols voire les éventails publicitaires. Or c'est tout le contraire ! S'il doit confesser que cela a pu lui arriver il y a quelques dizaines d'années, alors qu'il était avec sa femme amateur néophyte, il a pris conscience de l'intérêt de ces éventails humbles grâce aux collectionneurs, aux expositions comme celles du Fan Museum de Londres et aux articles souvent excellents écrits par les amateurs dans les publications du Fan Circle International, de la Fan Association of North America et, de manière hélas moins suivie, du Cercle de l'Eventail.

C'est pourquoi il sera question ci-dessous d'un éventail très ordinaire, d'allure espagnole, et publicitaire ! Mais on verra pourtant qu'il pose, en ce qui concerne notre objet favori, des questions très intéressantes, auxquelles  nous n'apporterons que quelques réponses, la sagacité et les connaissances de nos visiteurs étant sollicitées pour le reste.
Rappel : copie des photos strictement interdite sans notre accord.
Quelque indications pratiques concernant cet objet :
- la feuille, double, est en papier, face imprimée en couleurs assez grossièrement, le revers encore plus simplement ;
- la monture (14+2) est en bois ordinaire naturel : ni vernis ni peint ;
- la rivure est en métal, sobre, avec "yeux" circulaires guillochés ;
- la longueur totale de l'éventail est de 30,6 cm ;
- la largeur de la feuille est de 18 cm.

Regardons d'abord la face de l'éventail (Copyright C & PH B. - Place de l'Eventail).

Corrida
 
Au delà des scènes de corrida assez convenues, nous semble-t-il (mais avouons que nous n'y connaissons rien !), en trompe-l'œil sur fond de coquelicots et d'œillets, cette face de l'éventail présente plusieurs caractéristiques intéressantes, par les inscriptions qui y figurent. Le titre : Arènes de Nîmes - Courses de Taureaux ;  le nom du "Directeur . A. Fayot" ; la signature (imprimée) de l'artiste : Nerme (en bas à gauche) ; le nom de l'imprimeur : F. Appel Paris (à gauche, plus bas)  et, en bas à droite, la mention de l'éventailliste : "éventails V. Hugot et Cie. Paris".

Toutes ces inscriptions manifestent la complexité qui présidait à la fabrication des éventails. Pour cette seule feuille (sans même parler du revers et encore moins de la monture) on voit l'intervention de l'éventailliste, de l'artiste, de l'imprimeur... Et, nous l'avons dit, il s'agit ici d'un objet très ordinaire. Mais, de plus, pour l'objet qui nous occupe,  chacune de ces mentions mérite un commentaire que nous pensons éclairant ou digne d'intérêt.

Le titre semble parler de lui-même ; mais nous y reviendrons.

L'artiste (ou le lithographe ?) apparaît ici sous son seul nom de famille. Il s'agit, avons nous appris, d'E. Nerme ou Nermé, connu pour diverses affiches, notamment pour la Compagnie des Chemins de Fer de l'Ouest. (Voir par exemple http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90136381/f1.highres  ou http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90055707/f1.highres ). La deuxième de ces affiches rappellera sans doute quelque chose aux amateurs d'éventails publicitaires. En effet plusieurs ont été édités à partir d'illustrations de cet artiste pour la même compagnie de chemins de fer, qui desservait une région chère à notre cœur. En voici un exemple, où la signature comporte le E. du prénom.

Ouest
Copyright C. & P.H. B. - place de l'Eventail

L'imprimeur F. Appel est lui aussi bien connu. La maison, fondée par François Appel (1821-1882) survécut à son fondateur, et produisit toutes sortes de documents, notamment publicitaires : calendriers, étiquettes (chocolat, alcools, cigares, etc.), affiches, images chromos, livres et autres (invitations, boîtes de chocolat etc.).

Enfin l'éventailliste Victor Hugot est connu par divers éventails, mais aussi pour ses interventions éclairantes devant la Commission d'enquête sur la situation des ouvriers et des industries d'art, en particulier lors de la séance du 10 février 1882. Nous renvoyons ceux que cela intéresse aux travaux notables d'Anne Moulinier-Krebs (http://www.augustelauronce.fr/).

Ces éventails nous apportent d'ailleurs parfois d'autres précisions. Ainsi, sur la face montrée ci-dessus figure une inscription :  "Imp. A. Clarey, Lemenil & Nerme Succ., Paris - Asnières (S.)". Ceci illustre les liens souvent complexes existant entre tous ces intervenants. L'imprimeur Leménil a en effet édité seul des éventails, notamment un exemplaire assez souvent vu dans les ventes, pour Monte Carlo et Cabourg. Une imprimerie Clarey existe toujours à Tours, où elle fut créée sous la Monarchie de Juillet. Plus intéressant, le revers précise :  "Imp. A Clarey Lemenil & Nerme Succ. Concessionnaires de l'Eventail Réclame de la Cie des Chemins de Fer...".

Notre éventail tauromachique ne paraît pas aussi répandu. L'Atelier Nermé (dénomination que l'on trouve aussi) n'a d'ailleurs peut-être pas limité son action aux affiches ou aux éventails. Un site consacré au camembert (http://www.camembert-museum.com/pages/illustrateurs-publicitaires/nerme-edouard.html)  nous a ainsi apporté des informations complémentaires que nous reproduisons, sans plus de commentaires :

En ce mois de janvier 2014, un certain "Chavika 554" propose à la vente sur le site Ebay deux projets d'étiquettes de camembert. Ces maquettes réalisées à la gouache nous apportent de précieuses indications tant par leur état que par les textes qui les accompagnent. La première porte la mention "croquis pour l'imprimerie Depierre à Lisieux, pas terminé, 4 couleurs" ainsi que "le titre sera peut-être changé".
Au dos un tampon indique "Édouard Nerme dessinateur lithographe. St Saëns Seine Inférieure" ce qui laisse à penser que ce dessinateur indépendant était en rapport avec l'imprimerie Depierre et lui proposait des sujets d'étiquettes qui n'étaient pas liés avec une fromagerie particulière.
 La deuxième maquette de même facture représente un sujet banal : la traite d'une vache par une fermière. Celle-ci, comme la précédente, n'est pas finalisée, laissant tout loisir à l'imprimeur d'y apporter sa touche finale. Il s'agit là encore d'une proposition de passe-partout. Par contre, si le tampon figurant au dos du "croquis" mentionne toujours Édouard Nerme dessinateur lithographe, l'adresse a été rayée pour être remplacée au crayon par - 51 route de Saintes Angoulême -
 L'imprimerie Depierre ayant été détruite par les bombardements en 1944, on est en droit d'imaginer que ce dessinateur a déplacé ses activités auprès de l'imprimerie Garnaud d'Angoulême, alors en pleine expansion. Une dernière remarque, les deux projets bien que non encore acceptés, portent sous des graphismes différents les signatures E.N.


Cet Édouard Nerme (ou Nermé) est-il notre "E. Nerme" ? Plusieurs dizaines d'années séparent les deux travaux, et si l'on ne peut exclure que les affiches ou éventails soient des travaux de jeunesse, on peut aussi  penser qu'il s'agit d'une homonymie ou, plutôt, le patronyme étant rare, d'une filiation.  Celle-ci est plus vraisemblable, car, nous dit Tracy Winkler, membre de FANA  (qui, miracle de l'internet, a depuis les États-Unis exploré les archives parisiennes), un certain Édouard Nerme, né à Poitiers en 1859, lithographe, 11 Bd Barbès, figurait en 1891 sur les listes électorales de Paris : c'est sûrement lui qui a signé cet éventail.

    Intéressons nous au dos de l'éventail (on dit aussi  revers ou verso, voire contrefeuille quand, comme ici, l'éventail comporte une feuille double).

dos Nimes


(Copyright C & PH B. - Place de l'Eventail)

Comme on le voit, il s'agit ici d'un éventail "multipublicitaire", avec des publicités "permanentes" imprimées sur la contrefeuille elle-même, et d'autres "circonstancielles", collées. Avant d'étudier ces dernières, disons quelques mots des publicités que nous appelons "permanentes", en les regardant de gauche à droite.

Les Agrafes De Long ne sont pas un article de bureau : il s'agit d'un accessoire des vêtements, et surtout de sous-vêtements nous faisant revivre cette "belle" époque où les dames (toujours ou presque) et (parfois) les messieurs portaient gaines et corsets pour faire ressortir une taille fine que les repas parfois plantureux ne pouvaient leur garantir...

Le Bébé Jumeau est mieux connu : il ne s'agit pas d'une poupée vendue par paire, mais d'un des plus grands succès des jouets d'enfants de la seconde moitié du XIXe siècle. Vers 1860, Pierre-François Jumeau inventa une poupée à tête en porcelaine de Sèvres et bras en cuir, en carton ou articulés en bois. Le deuxième fils du fondateur, Émile-Louis Jumeau lui fit connaître sa plus grande renommée à la fin dus siècle, alors que la maison-mère était située (comme l'indique notre éventail) 8 rue Pastourelle à Paris, et l'usine à Montreuil-sous-Bois. Après 1899, c'est la Société Française de fabrication de bébés et jouets (S.F.B.J.) qui, avec le même siège, en assurera fabrication et diffusion.

L'Eau Charbonnier, dont nous ignorions tout jusqu'à l'acquisition de cet éventail était cependant internationalement connue, puisque nous lisons à son propos dans l'American Druggist and Pharmaceutical Record, Vol 25,  p. 13, American Druggist Publishing Co, 1894 : " An imported article known as 'Eau Charbonnier Tinctorial Vegetal' contained in its large blue bottle a solution of nitrate of silver in ammonia water, and in its small colorless one a solution of pyrogallic acid". Cette description ne nous incite pas, malgré nos cheveux qui commencent à blanchir, et nos favoris qui grisonnent, à chercher à trouver cette eau merveilleuse !

De la même manière, nous n'accordons à priori guère de crédit au Lait Antéphélique, destiné, comme son nom l'indique aux hellénistes, à traiter les taches de rousseur. Ce produit était d'ailleurs sans doute dangereux, comme le souligne Frédéric Bonté (Aperçu sur la publicité pharmaceutique et cosmétique dans Comoedia Illustré à l'époque des Ballets russes. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 82e année, N. 301, 1994. pp. 230-237  url : /web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1994_num_82_301_3856 )

lait anti roux
                                                                                                                                        (notes 3 et 4 d°)
lait anti roux 2

L'Amaryllis du Japon est sûrement moins nocif. A son propos, nous empruntons quelques informations à un site bien informé (http://cleopatrasboudoir.blogspot.fr/2014/01/delettrez-perfumes.html). Il apparaît que la parfumerie Delettrez, fondée en 1835 et relancée en 1853, a mis sur le marché en 1890 sa fragrance Amaryllis du Japon. La maison, célébrée pour la présentation luxueuse de ses produits, obtint deux médailles d'or à l'Exposition de 1900. Elle exportait massivement et avait ouvert une succursale à New-York. La production s'étiola à partir de la guerre et cessa vers 1955.

Le Vin Labussière n'est plus guère connu. On remarquera que la publicité sur cet éventail en recommande la consommation par les enfants, même si c'est à demi-dose ! Il s'est trouvé propriété d'un certain Édouard Dubonnet... non plus connu des amateurs d'alcool et d'éventails publicitaires. Mais ce n'est pas la même maison que le célèbre "Dubo... Dubon... Dubonnet".


Dubo Dubon Dubonnet

L'alcool est dangereux : consommez avec modération !


Mais les informations les plus importantes, et les plus utiles pour l'analyse de cet éventail, et même des éventails en général, se trouvent dans la partie centrale de ce dos ou revers. Il s'agit, ce qui est assez original, de publicités collées, venant masquer les inscriptions d'origine. La plus importante, qui justifie l'éventail, et qui se trouve en rapport direct avec tant le titre que l'illustration montrées par la face, concerne l'organisation à Nîmes, le dimanche 27 mi 1894, d'une "GRAN CORRIDA DE 6 TOROS" (en espagnol dans le texte) "qui seront combattus par les matadores de cartel Fernando Gomez El Gallo & Jose Rodriguez Pepete".

Or ces deux personnages (voir par exemple  http://fr.wikipedia.org/wiki/Projet:Tauromachie/Matadors) ont laissé des traces dans l'histoire tauromachique.

Nous apprenons ainsi que Fernando Gomez Garcia, dit « El Gallo » (1847-1897), était l’un des matadors les plus appréciés de son époque. Il avait commencé sa carrière comme banderillo  avant de prendre l'alternative  (c'est à dire devenir matador) à Séville le 16 avril 1876. Mais sa gloire est largement éclipsée par celle de deux de ses trois fils, Rafael surnommé comme lui El Gallo et « Joselito ».

José Rodríguez Davié dit « Pepete » (1867-1899), après avoir passé plusieurs années en Uruguay retourna en Espagne et prit l'alternative en 1891 avec comme parrain Luis Mazzantini. Ce nom n'est pas inconnu des amateurs d'éventail : c'est en effet celui d'un lointain parent d'Anna Checcoli, collectionneuse italienne (voir sur  son site Ventagli Org la page dédiée à ce célèbre torero. En 1899, El Pepete fut gravement blessé par le taureau « Cantinero » et mourut le lendemain.


corrida

La corrida du 27 mai 1894 fut naturellement relatée dans la presse locale.

Nimois titre





Quant aux publicités latérales, elles aussi ajoutées, on ne sera pas
surpris de les trouver là : en effet d'autres informations issues de la
presse locale nous apprennent que Gustave Gory,  également directeur
 du Petit Républicain du Midi était un fervent défenseur des courses de taureaux.

Quelques années après, l'auteur d'un article de Nîmes Journal 
(n° 969 21 janvier 1898) en fera même un "apôtre des corridas".


nimois 2 nimois 3


Mais le personnage le plus intéressant sans doute dont nous parle cet éventail est, mentionné sur la face par une inscription "permanente", le "directeur des arènes de Nîmes, Arthur Fayot. Celui-ci semble désormais surtout connu pour avoir organisé au début du XXe siècle des "villages noirs". D'une manière à l'époque critiquable et parfois critiquée, mais qui est devenue insupportable après un vingtième siècle où le racisme a causé les dommages que l'on sait, il s'agissait dans des expositions itinérantes, de reconstituer, de manière plus ou moins véridique, des villages "indigènes" pour montrer aux bonnes populations de France comment vivaient les "sauvages" des Colonies.

Nous ne pouvons mieux faire que citer un site consacré à ces manifestations d'un autre âge, qui témoignent à dire vrai plus de l'ignorance et de la bêtise de leurs auteurs que de vrai racisme.

Arthur Fayot, « Longues moustaches, longue barbe, long regard qui - demi voilé, un tantinet oblique - voit de loin, très loin », « l’impresario » qui a monté le spectacle est, sans doute un personnage qui se déplace en France et qui est connu au tournant du siècle dans les milieux du spectacle… et judiciaire. En 1893, Le Furet nîmois vante l’intelligence de M. Fayot « un imprésario de l’intelligence de M. Fayot et il a fait ses preuves » et dans le même journal, un autre journaliste déclare : « Ce Fayot que je hais tout autant qu`on l`honore.» Plusieurs journaux font des allusions ou des comptes-rendus de ses spectacles taurins et de ses mises en scène théâtrales. Internet permet de trouver une vingtaine de citations relatives à sa personne et à ses activités entre 1893 et 1907. Il s’occupe d’abord de taureaux, montant à Paris les courses de la saison 1890 pour « La Gran Plaza de Toros du Bois de Boulogne » dont il est le nouveau directeur. Il a des démêlés avec la justice à propos des taureaux dont on trouve la trace dans La Gazette du Palais en 1895, il s’occupe encore de taureaux à Vichy, selon l’historien de l’histoire de Vichy où il réintroduit la corrida et où A. Fayot, directeur des arènes d’Arles de Béziers, apporte son prestige et son savoir-faire en la matière jusqu’en août 1899. Le Petit Marseillais du 15 mai 1899, rapporte la présentation de Mireille aux arènes d’Arles qui « malheureusement ne peuvent contenir que 9 000 spectateurs […] la recette peut monter à 40.000 francs, ce qui n’est que très ordinaire en présence des frais nécessités par cette colossale représentation. Sur la scène, qui occupe le Nord des arènes, les machinistes, depuis jeudi, suent sang et eau pour planter des décors auxquels leurs bras ne sont guère habitués. […] M. Fayot ne pouvait pas, en huit jours et même en quinze, découvrir un musicien de conscience et de génie, un musicien du terroir, ayant au cœur une cigale pour lui faire composer, séance tenante, une pastorale tragique au sentiment provençal. Il n’existe qu’une Mireille: celle de Gounod, on ne pouvait guère nous offrir autre chose. Le mois suivant, L’Éclair, le 19 juin 1899, relate le succès de Mireille dans les arènes de Nîmes, en précisant que le mistral a «  comme toujours, un peu contrarié la fête, en démolissant en partie les décorations dont M. Fayot, en impresario prodigue, avait orné notre vieil amphithéâtre ; bien entendu, le velum a dû rester en panne. » Il a encore des démêlés judiciaires dont La gazette et L’art moderne se font les rapporteurs pour avoir engagé une cantatrice malgré l’interdiction faite par son mari (http://www.maison-histoire-aphpo.fr/articles/250-le-village-noir-de-perpignan)

Le côté sulfureux de l'individu n'empêche pas qu'en 2009 une exposition à Clermont-Ferrand signalait : "Arthur Fayot, directeur des arènes d'Arles et de Béziers, apporte  à Vichy son prestige et son savoir-faire en la matière jusqu'en août 1899".

En définitive, ce personnage apparaît bien comme un organisateur de spectacles à la Barnum, pas très regardant sans doute sur les questions morales ou juridiques, mais doté d'un sens pratique et commercial développé. Quoi d'étonnant en conséquence qu'il ait utilisé ce merveilleux vecteur publicitaire qu'est l'éventail, et qu'il n'ait pas hésité à diminuer les coûts (et maximiser les profits) en utilisant la technique du collage pour tenir l'objet au plus près de l'actualité. Il ne faisait ainsi que continuer dans la ligne tracée depuis toujours par les fabricants d'écrans et d'éventails. Ces collages ou applications de papier d'origines diverses sont en effet utilisés sur les écrans italiens dès la Renaissance, sur les écrans français au XVIIIe siècle, sur les éventails pliés en soie ou brisés en bois de la fin du même siècle, sur les petits éventails brisés des années 1815-1830 et bien sûr, de manière usuelle et industrielle, sur les éventails des années 1840 qui constituent parfois un véritable patchwork de plusieurs épaisseurs de feuilles, gravures, bordures dorées etc.

En ce sens, cet éventail manifeste la continuité des techniques ancestrales mises en œuvre dans la fabrication de ces objets. Comme il nous éclaire aussi sur la société de la fin du XIXe siècle, il rassemble finalement bien des qualités, alors qu'à première vue nous pouvions le juger ordinaire, banal et sans valeur !

Nous avions posé quelques questions à la collectivité des amateurs d'éventails, ainsi qu'à tous les visiteurs connaissant les corridas, Nîmes, la publicité... ou Arthur Fayot, et qui passeraient ici par hasard. Nous n'avons eu que peu de réponses, mais très vite nous en reçûmes une de Michèle Verdier, membre du Cercle de l'Eventail et collectionneuse avertie, que nous remercions vivement. Elle nous a transmis des photos d'un éventail, assez manifestement espagnol, qui montre deux des matadors que nous avons évoqués ci-dessus : le grand Mazzantini, et El Gallo, qui sauf homonymie possible, doit être "notre" Fernando Gomez Garcia. Signalons que, car une amusante coïncidence, une grande collectionneuse italienne, Anna Checcoli, est apparentée au matador Mazzantini (voir http://www.ventagli.org/pagine%20singole/storici%20e%20commemorativi/torero.htm)

 On peut imaginer que cet éventail a été édité en 1889, puisque cette année-là, ce matador, nous apprend un site spécialisé (http://www.portaltaurino.net/) "En Pamplona: Torea toda la feria en 1889 junto a Mazzantini, el 7 el mayor triunfo con toros de Lizaso, la última lesionado dejó solo a Mazzantini".  Ce n'est pourtant qu'une conjecture, et toutes vos informations seraient les bienvenues.

Corrida Mazzantini El Gallo

Mazzantini     El Gallo
Eventail et images Coll. Michèle Verdier. Reproduction interdite. et jui


Rappel : copie des photos strictement interdite sans notre accord.

Chers amis et visiteurs, si vous pouvez apporter des compléments d'information si possible étayés par des photographies, nous nous ferons un plaisir de publier les unes et les autres, dans la mesure naturellement où elles nous paraîtraient de nature à faire progresser la discussion et les connaissances.
P.H.B. Août 2014 et juin 2015

Merci d'écrire à place@eventails.net, et ne pas oublier d'aller voir nos autres questions !